La nourriture française, il n'y a que ça de vrai !

Après que Loane ait accepté avec un visage enthousiaste (à la grande surprise de notre cher ami), Guillaume décida de l'emmener au restaurant La Franquetta, restaurant ayant pour spécialité la nourriture réputée, de la pure et vraie nourriture Française. Depuis un voyage qu'il avait fait en France pendant son adolescence, Guillaume était passionné par la culture française. Que ce soit la littérature, la nourriture, la langue et l'histoire. ( Accessoirement quelques filles au passage, mais rien d'impérissable ... ). La jeune femme était rayonnante sous un beau soleil de printemps. Ils s'installèrent à une table et commandèrent un apéritif. Guillaume ne put s'empêcher de demander un verre de Bordeaux, vn français excellent.

- Au fait, j'espère que vous avez malencontreusement oublié votre porte-feuilles, je vous invite.

Il préfèrait que cela se passe comme ça. Le fait que la femme paie sa part d'un déjeuner le révulsait, c'était un manque total d'éducation de la part de l'homme qui tolérait cela.

- Sinon, Charlotte Brontë écrit toujours aussi bien? dit-il en buvant dignement son vin après l'avoir senti, tel un professionnel de la viticulture.

Elle suivit Guillaume à la Franquetta. Voyant qu’il commandait un vin, elle passa commande elle aussi. Après tout, c’était jour de fête ! On n’allait pas tous les jours au restaurant. En plus elle adorait la nourriture française ! Elle correspondait bien avec ses goûts qui étaient assez difficile en matière de nourriture. Son choix se porta sur un vin blanc : la blanquette de Limou son préféré. Non pas qu’elle aimait l’alcool, ce vin a juste une saveur très sucrée, elle pouvait le boire comme de l’eau.

Mais on ne va peut-être pas abuser aujourd’hui pensa-t-elle en rigolant.

Sa réflexion sur son oubli de portefeuille la fit sourire. Elle détestait autant qu’elle aimait se faire payer les choses. D’un côté c’était une marque d’attention et de politesse tandis que de l’autre c’était comme si on pensait qu’elle dépendait de quelqu’un pour subvenir à ses besoins. Mais elle n’avait pas envie de se battre avec lui, surtout qu’elle savait que le combat serait rude. Elle acquiesça son oubli de portefeuille en répondant :

On va dire ça comme ça.

Ne voulant pas laisser un silence s’installer, elle prit la perche que lui envoyait son jeune associé.

Charlotte Brontë écrit toujours aussi bien. Petit rire. En fait je n’ai lu que ce livre de cet auteur, et se souvenant de sa remarque elle ajouta : et je n’ai pas trouvé d’autres détails, en même temps je l’ai lu de nombreuses fois !

Mais je dois vous avouer quelque chose, elle ponctua sa phrase en se rapprochant de lui comme si c’était un secret : vous m’avez donné envie de relire Le Grand Meaulnes ! Vous avez beaucoup de mérite d’ailleurs car je n’ai pas eu d’intuition sur ce livre là. Au mot intuition elle vit Guillaume se raidir, mais n’y prêta pas plus attention. Les livres sont un peu comme des vêtements vous voyez ? Quand vous entrez dans un magasin, vous avez tout de suite le coup de foudre, rare sont les fois ou vous essayez un vêtement et ou vous en êtes satisfait par la suite une fois sur vous. En général, vous vous fiez à votre première intuition. Deuxième raidissement, elle mit ça dans un coin de sa tête et continua. C’est un peu ce qui se passe avec les livres, si dès les premières pages rien ne m’envahit je laisse tomber. Sachez que j’ai failli ne jamais lire les Harry Potter à cause de ça ! Une tante me les avait offerts à mon treizième Noël et le premier chapitre ne m’a pas du tout emballé. C’est en entendant parler les gens autour de moi que je me suis décidée à m’y replonger un an plus tard et que je suis devenue accro à l’époque. Je serais passée à côté du livre le plus populaire après la Bible vous rendez-vous compte ?

Elle prit son verre à la main

Et vous, vous avez terminé vos lectures ?

Lorsqu'il énonça le fait qu'il l'invitait, la jeune femme donnait l'impression de cogiter ardemment. De plus sa réponse fut assez sèche, même si terminée par un regard de remerciements.

Qu'est-ce que j'ai bien pu faire encore ...

Malgré cette réflexion interieure, il sourit gentiment. La voir prendre du vin le fit se détendre un peu. De plus qu'elle avait commandé un vin précis, ce qui prouvait qu'elle était connaisseuse, et pourquoi pas qu'elle aimait la nourriture française ... Tant mieux si c'était le cas. Si c'était le cas? Non, Guillaume n'avait aucun doute là dessus, le "si" n'était donc aucunement nécessaire.

- Vraiment, vous ne découvrez plus rien de ce livre? demanda-t-il d'un étonnement des plus doux.

Pour lui, on découvrait toujours un mot, une réflexion, une manière d'écrire ou un sous-entendu, même si c'était la N-ième fois que l'on relisait un livre.

- Par exemple, si je prends Les Liaisons Dangereuses de Choderlos de Laclos, un autre de mes livres de chevet il la vit adopter une expression déconfite, ce qui le fit rire interieurement. Etait-il découvert en tant qu'élève ardu du Vicomte de Valmont? Oh surement. Et alors? je découvre toujours un sous-entendu, une réaction, un fait que je n'avais absolument pas dénoté lors de me précédentes lectures. Ce sont ces nouvelles découvertes qui me donnent envie de relire, relire et relire encore des livres. Si je comprends un livre à la première lecture c'est que c'est une histoire vide et sans profondeur.

Il aimait beaucoup s'exprimer sur les sentiments qu'il éprouvait à l'égard de ses lectures. Non pas parcequ'it était égocentrique, loin de là, mais voir les réactions des autres le fascinait. Ce qu'il avançait était quand même assez osé. Il disait qu'il pouvait, en lisant un livre, savoir s'il avait un intérêt ou non à la première lecture. Il était persuadé que ce que Loane répondrait serait d'une érudition sans limites et il avait hate de l'entendre.

- En tout cas je suis vraiment heureux d'avoir pu vous faire revoir votre jugement sur Le Grand Meaulnes ! C'est à mes yeux un livre très poétique et frais.

La comparaison qu'elle fit avec Harry Potter le fit doucement sourire. C'était des plus attendrissant. Pour sa part, Harry Potter avait directement fait partie intégrante de sa vie, il s'identifiait bizarrement à Drago Malefoy, tout en ayant une préférence pour Ronald Weasley. Par contre, il ne pouvait supporter Hermione Granger et Harry Potter. La première parceque les "je-sais-tout" qui réussissent tout dans la vie le hérissaient, et le deuxième parceque son caractère et ses dépressions sans sens et très pénibles à lire l'avaient exaspéré.

- Oui, j'ai terminé Le Grand Meaulnes, j'avais envie depuis quelques temps de me replonger dedans. Entrer dans le fil de l'histoire à nouveau ne fut pas une difficulté, j'ai donc tout lu en deux heures

Sentant la réflexion piquante venir, il s'empressa d'ajouter modestement :

- Evidemment, étant donné que c'est un livre pour ados à l'origine, enfin, à mon sens, je n'ai pas grand mérite à avoir mis si "peu" de temps à cette relecture ... !

Il but sa dernière gorgée de Bordeaux, en lançant un regard piquant à Loane.

La conviction et la passion avec lesquelles il parlait de lecture la fascinait. A vrai dire ça la calmait. Elle écoutait tout ce qu’il disait avec un intérêt profond comme s’il faisait une thèse.

J’exagère un peu en disant que je ne remarque rien de nouveau. En fait, ça faisait assez longtemps que je n’avais plus lu Jane Eyre, du coup je redécouvrais un peu l’histoire. Pour avoir cette sensation de percevoir de nouvelles choses il faut que mes lectures soient un peu plus rapprochées dans le temps.

Elle l’écouta parler des Liaisons dangereuses et bloqua quelques instants sur sa remarque. Elle ne trouvait pas ça égocentrique, elle comprenait ce qu’il voulait dire, elle le ressentait aussi, ce n’était peut être pas très bien formulé. Elle répliqua donc avec toute l’érudition dont elle était capable :

Ce n’est pas forcément que l’histoire est vide ou sans profondeur… a mon avis, il y a deux solutions : la première c’est que l’on n’arrive pas à vraiment rentrer dans l’histoire et à comprendre ce que l’auteur à voulu nous dire ; et la seconde c’est que l’histoire ne nous a pas profondément touchée, du coup on n’en retient seulement quelque chose de banal et on ne comprend rien justement à la profondeur que le texte peut avoir. Ça s’appelle des livres indigestes. Heureusement, tout est relatif puisque certaines personnes peuvent les apprécier. Par exemple, je ne sais pas ce que vous pensez de Jacques le fataliste de Diderot mais j’ai ce livre en horreur. J’ai été obligée de le lire pour un examen, je me souviens que dès que je l’ouvrais, ma boîte d’aspirine était à côté de moi. Et je n’ai jamais rien compris à ce que notre cher auteur du 18ème siècle a voulu nous dire.

La façon dont il se défendit sur la rapidité de sa lecture la fit rire. Elle ne comptait pas l’agresser, même si ça aurait été drôle. Elle ne comprit pas son regard « piquant », surtout que pour une fois elle n’avait rien dit. Après tout elle avait bien lu Jane Eyre en deux heures également. Les deux volumes étaient à peu près semblables d’ailleurs.

Ne vous inquiétez pas, vous avez le droit de lire rapidement !

Limite si elle ne s’excusait pas de ne pas avoir eu une pensée qu’elle aurait peut-être dû avoir. Elle comprit que le jeune homme devait avoir une mauvaise opinion d’elle. Opinion faussée, elle n’était pas méchante par nature, mais surement que son comportement pouvait inciter les autres à le croire. C’est à ce moment qu’elle se rendit compte qu’elle ne connaissait toujours pas son pouvoir, c’était réciproque d’ailleurs. La question n’avait jamais été abordée. Elle était persuadée qu’il ne s’agissait pas d’un physique, il n’aurait certainement pas la même carrure. De plus, il donnait un cours de maîtrise du pouvoir, ça correspondait plus à du mental. Surtout qu’il savait garder son calme en toute circonstance, elle se rappela l’épisode de la tache de café. Elle en était sure, c’était un mentalist, mais quoi exactement… elle se perdit dans ses pensées en imaginant toutes sortes de probabilités.

Le fait que Loane l'écoute si religieusement avait conforté l'idée première de Guillaume, selon laquelle il fallait un sujet qui la passionnait ardemment pour que Loane s'investisse dans la conversation. Il sentit que s'il voulait parler lecture avec elle pendant plusieurs heures, voire plusieurs jours, il n'y aurait aucun problème. Etant un ardu lecteur lui-même, il ne serait jamais, ou prèsque, à court de références. Il acquiesça de nombreuses fois à ses propos, ce qu'elle disait était extrêmement juste.

- Oui, je comprends parfaitement ce que vous voulez dire. Et ne croyez pas que j'ai aimé tous les livres français ou autres que j'ai lus, loin de là! C'est juste qu'en général, lorsqu'un livre ne me plaît pas, j'ai du mal à suivre la suite logique des faits, ce qui m'oblige en général à finir le livre pour en savoir la fin, mais je mets extrêmement de temps et je commence d'autres livres en parallèle. Croyez-moi ou non, mais il m'est arrivé de lir en même temps pas moins de 5 livres !!

Loane parla ensuite de Jacques le Fataliste de Diderot. Il ne l'avait pas lu en entier, il avait juste eu un extrait à étudier lors d'un examen.

- Pour ce qui est de Jacques le Fataliste, je n'ai été confronté à cette oeuvre que lors d'un examen en français il y a quelques années. Je l'ai trouvé plutôt facile à analyser, mais je ne me serais pas vraiment plongé dans l'histoire par plaisir, cela avait l'air d'un ennui mortel. J'ai par contre lu La Religieuse de cet auteur, et malgré l'ambiance glauque, j'ai trouvé ça assez intéressant. Ce n'est en revanche pas un de mes favoris ... Mais ce que je déteste par dessus tout, dans quelques langue que ce soit, c'est le théatre de l'absurde. J'ai tenté de lire Rhinocéros de Ionesco, que j'ai abandonné en voyant au moins 15 lignes de répliques ne comportant que les mots " Un Rhinocéros?!". Ce genre d'oeuvre me révulse prèsque, je trouve cela innomable d'écrire des textes si inutiles et vides de signification !

Le jeune homme s'était exprimé avec une aisance orale telle des plus grands orateurs. Il s'étonnait prèsque lui-même d'avoir réussi à tenir une conversation aussi serieusement et aussi longtemps. Loane était quelqu'un avec qui on devait aimer parler. Elle dégageait une sorte de fraîcheur, elle avait un avis totalement affirmé et l'écouter était chose très agréable.
Après qu'elle se soit limite excusée de sa lecture rapide, ce que Guillaume eut du mal à comprendre, la jeune femme adopta un visage assez intrigué. Il se demanda si c'étaient ses propos qui la poussaient ainsi à la réflexion, mais finit par se rendre compte que non. A vrai dire ça n'avait prèsque rien à voir avec les lectures. Il attendit que la jeune femme s'exprime, ne voulant pas agir d'emblée comme un "violeur de pensées".

Elle se força à revenir à la réalité. Elle était partie assez loin en fait. Guillaume la regardait bizarrement, il semblait attendre quelque chose. En fait, on aurait dit qu’il avait toujours une avance sur elle. Ce comportement l’agaçait surtout qu’elle n’en savait pas l’origine.

Soudain, un groupe d’étudiantes dont Flora Stiffler qu’elle reconnu au loin passa non loin du restaurant. Elle ne paraissait pas sereine et en l’apercevant elle repensa à leur discussion qu’elles avaient eu quelques jours auparavant. Elle connaissait le pouvoir de la jeune fille, et elle imaginait combien il était lourd à porter. Le bref coup d’œil qu’elle lança à Guillaume lui rappela qu’il était prof de maîtrise du pouvoir, il avait certainement dû prendre la situation en main. Il faudrait qu’elle lui rende une petite visite un de ces jours…

Mais Flora n’était pas seule, elle accompagnait ou plutôt elle était accompagnée vu le regard exaspéré qu’elle lança à ses deux autres camarades. Les femmes sont semblables aux hommes sur ce point là, lorsque ces messieurs se rincent l’œil, les femmes ne peuvent s’empêcher de regarder elles-aussi. Non pas par intérêt bien sur, sauf penchant sexuel dérivé mais surtout pour comparer. Ces demoiselles (sauf Flora, d'ailleurs elle eut beaucoup de sympathie pour elle à ce moment là) étaient de sortie et avaient sorti les mini-jupes du placard par ce grand soleil. Et elles étaient venues se trémousser en gloussant juste sous le nez de l’homme le plus coureur de jupons de l’école. C’était presque, mais alors presque fait exprès. Voyant le regard de son cher collège glisser en dessous de la taille des jeunes filles, elle poussa un soupir exaspéré à son tour. Il se retourna vers elle avec un regard charmeur, qui ne lui était pas adressé bien évidemment, et son exaspération empira en même temps qu’elle eu un sourire cynique.

Heureusement qu’il m’a juré de ne jamais coucher avec les élèves celui-là.

C’était un homme charmant, mais parfois il manquait de déontologie, c’était impressionnant ! Ça la dépassait carrément. En lançant encore une fois un regard aux jeunes étudiantes, elle s’aperçut qu’elle la regardait limite méchamment ou en tout cas avec une toute petite once de jalousie. Elle ne pût s’empêcher de penser :

Ça va je déjeune avec le plus beau garçon de l’école ! Et ce n’est même pas moi qui l’ai cherché. Elles ne vont pas me faire un fromage pour ça !

Elle eut envie de le provoquer, la situation était trop tentante :

La vue est bonne ?

Voyant que Loane devait être loin dans ses pensées, il décida d'appeler le serveur pour lui faire sa commande. Il demanda du bon boeuf élevé en France avec un accompagnement de légumes et pommes de terre. Il laissa donc Loane commander à son tour et en attendant que la jeune femme se décide, il jeta un oeil au dehors. Le soleil était au rendez-vous et beaucoup de jeunes étudiantes se promenaient en riant. Il ne connaissait pas la plupart d'entre elles, il n'eut donc aucun complexe à observer leur physionomie. Bienspur, Guillauem, en expert, ne regardait pas les jeunes filles tel un amateur en ne les lachant pas du regard et bavant limite, la bouche grande ouverte, non. Il observait discètement, avec un regard des plus anodins, mais n'en pensant pas moins. Ce fut quand il vit débarquer une bande de jeunes demoiselles de son cours, portant des mini-jupes et il fallait dire objectivement que cela leur allait à ravir, que la situation fut plus compliquée. Evidemment, il était avant tout un homme, et ne put s'empêcher, et cette fois sans arrière pensée, d'observer la démarche, et évidemment les très belles jambes de ses étudiantes.

Guillaume. Crève-toi les yeux.

Evidemment, son regard de haut-en bas fut immédiatement remarqué par la jeune Flora Stiffler, qui lui lança un regard exaspéré. Elle, elle l'avait toalement cerné. Il retourna alors "à ses moutons" en se reconnectant à son très agréable déjeuner avec Loane après ces quelques secondes d'égarement. A sa garnde surprise, celle-ci lui lança un regard intrigué, mais malgré tout, rieur en lui signifiant ouvertement qu'elle l'avait parfaitement vu relooker les jeunes femmes. Il sourit de façon charmante, riant légèrement et plongeant son regard dans celui de Loane :

- Oh oui, surtout lorsque je regarde en face de moi

Tu ne changeras donc jamais mon cher Guillaume !

La réplique ne l’a fit même pas rougir tellement c’était faux.

Quel faux jeton ce mec !

Elle avait envie de crier. Ce qui était sans doute la meilleure solution entre lui balancer son verre de vin à la figure (mais elle avait pitié pour le vin) ou le foudroyer directement sur place en créant un tremblement de terre juste sous ses pieds. Mais il fallait s’inciter au calme, elle avait déjà vécu pire. Il avait de la chance quand même qu’elle se maîtrise à 99,99% !

Je n’aime pas les gens qui mentent vous savez. Pas la peine de savoir lire dans les pensées pour savoir où vous vous étiez égaré. Rendez-moi service soyez toujours franc même si vous sentez que ça va me déplaire.

Elle passa commande elle aussi dans un brouillard. La colère était en train de l’aveugler petit à petit. Mais elle se rappelait avoir prononcé les mots « steak » et « pommes de terre ».

Je vous laisse 30 secondes pour trouver un sujet de conversation où je m’énerve vraiment et en public en plus, ce serait peu flatteur pour vous !

Wow. Ah mon cher Guillaume, tu es vraiment doué pour l'énerver. Une nouvelle difficulté à laquelle faire face. Les femmes différents des autres mettent des péripéties dans la vie d'un coureur comme toi !!

Le jeune homme sourit gentiment à Loane. Il avait répondu du tac-au-tac, simple spiritualité de l'instant. Le fait que la jeune femme croie qu'il mente signifiait qu'elle s'était au moins un tant soit-peu interressée à lui, chose qu'il n'osait espérer aussi rapidement. Il se sentait limite flatté qu'elle s'énerve. Mais il décida de faire prèsque semblant d'être repentant, il était inutile qu'elle s'en aille en criant, lui donnant ainsi une réputation de goujat fini, ce qu'il n'était pas. Un Gentleman ayant pris l'option Coureur n'est pas goujat. Le fait qu'elle ait employé " pas la peine de savoir lire dans les pensées pour savoir ... " était pas mal sorti, bien qu'elle ne sache pas réellement son pouvoir.

- Vous lisez dans les pensées? demanda-t-il, le plus serieusement du monde, et non pas insolemment comme on pourrait le penser après ce qu'il s'était passé. Je viens de me rendre compte que je ne connais pas votre pouvoir !

Il s'aventurait en terrain dangereux. Il le savait. Un télépathe - coureur allait vraiment la faire flipper ! Mais après-tout, ils étaient adultes, non? Et la conversation littéraire qu'ils avaient eue pendant pas mal de temps prouvait qu'ils avaient des points communs et les choses qu'il disait avaient l'air de l'intéresser. Il espérait secrètement que s'il révélait son pouvoir, elle ne renoncerait pas, au moins, à lui accorder son estime.

Elle éclata d’un rire franc mais cassant à la fois. Elle ne s’attendait pas à ce retournement de situation. Mais il avait choisi le sujet, elle n’avait pas le choix. Il pensait qu’elle lisait dans les pensées. Perdu, elle était élémentalist. La situation l’ayant énervée, elle répondit du tac au tac :

Bien sur que je lis dans les pensées ! L’intuition féminine vous connaissez ? En général elle m’aide plutôt bien !

Elle se prit la tête dans les mains et se força à se calmer. Elle n’aimait pas parler de son pouvoir. Il n’avait rien de honteux, mais il lui avait en quelque sorte détruit sa vie. Elle avait recommencé de 0 en l’acceptant, et il faisait d’elle quelqu’un de différent. Au fur et à mesure elle l’avait acceptée, mais elle ne pouvait s’empêcher d’avoir des regrets.

Non… reprit-elle sérieusement, sa tête appuyée sur une de ses mains comme si elle était épuisée ; je ne lis pas dans les pensées. Je suis élémentalist, pas mentalist. Sourire jaune. L’un ou l’autre aurait bouleversés sa vie de toute façon. Elle essaya de reprendre contenance : vous préférez le soleil ou la pluie ? Il la regarde comme si elle était à moitié folle et avec insistance. On aurait dit qu’un gros point d’interrogation venait de se dessiner sur son visage.

Ça ne sert à rien de jouer aux devinettes…

Je contrôle la météo. Voilà c’était dit, elle venait d’avouer son crime. Elle continua : ça implique une parfaite maîtrise de soi, histoire de ne pas provoquer de catastrophe naturelle comme j’ai failli le faire il y a 5 minutes. Un petit coup de tonnerre ne vous aurez pas fait de mal. Son regard fut franc mais elle sourit pour lui montrer que tout de même elle plaisantait. Elle ne parla pas du tremblement de terre, inutile qu’il la prenne pour une cinglée, elle ne l’aurait jamais fait de toute façon. Et vous pensez que le temps change si souvent d’humeur en Angleterre ? Le soleil de l’autre jour à la bibliothèque n’était pas un hasard …

Ce sujet étant le dernier sur lequel elle voulait s’attarder, elle s’empressa de lui retourner la question.

A votre tour, quel est le vôtre ?

Guillaume se rendit compte qu'il avait d'un côté, marqué un point. Au moins, elle n'était pas partie en lui renversant un broc d'eau (ou pire peut-être, de vin !! ) dessus et en lui foutant une belle baffe laissant la marque rouge de ses doigts. ça lui était arrivé une fois, quand il était encore jeune et sans coeur. Il avait ri à ce moment là. C'était une fille idiote avec qui il n'était sorti que pour une nuit disons, pour parler élégamment. Il devait avoir 16 - 17 ans, c'était une des premières filles dans les pensées de laquelle il avait lu pour la séduire. Il l'avait larguée le plus habilement du monde, et la jeune fille lui avait décoché une torgnolle comme jamais on n'en reçoit dans une vie. Et il avait ri. Quel idiot j'étais !
La jeune femme devait penser qu'il n'était pas très perspicace car n'ayant pas deviné son pouvoir. Mais à vrai dire, c'était juste histoire de reprendre les mots qu'elle avait dit, sous une autre forme, qu'il avait dit "vous savez lire dans les pensées?" Il trouva que c'était plutôt bien sorti pour éviter le sujet qui fâche de la sexualité qui, selon elle, ne saurait tarder entre lui et ses élèves. Dommage qu'elle ne le croie pas sur ce point. Il préfèrerait démissionner de ce poste qu'il adorait plutôt que d'accepter d'avoir des liens plus qu'amicaux avec une de ses élèves. Aussi belles et attirantes puissent-t-elles être. Il sentit que la jeune femme était irritée du fait qu'il ai relooké de jeunes étudiantes.

Je suis un homme tout de même, elle me prend pour qui ... de plus j'imagine qu'elle n'est pas sans savoir de quelle catégorie d'hommes je suis, ce sont des choses que les femmes remarquent instantanément ! ...

Elle lui lança à la figure quelques pâles sarcasmes qui traduisaient implicitement qu'elle ne tolérait pas qu'il regarde d'autres femmes alors qu'il déjeunait avec elle.

Compréhensible, et typiquement féminin se déclara-t-il, tel un adolescent prenant des notes. Loane paraissait assez embêtée de parler de son pouvoir. Pourtant, il était prèsque peruadé qu'elle n'était pas mentaliste, elle était trop imprévisible pour cela.

- Si vous ne voulez pas en parler, ne vous obligez pas Loane. C'était juste une question de simple curiosité ... s'excusa-t-il prèsque, un regard inquiet se lisant imperceptiblement dans son regard.

Il eut à peine le temps de dire cel qu'elle "lâcha le morceau" si on peut dire. Un coup de tonerre ne lui "aurait pas fait de mal" ?

Hmm que je regarde les jeunes femmes au dehors l'a vraiment mise dans une rage pas possible ...

- Votre pouvir est vraiment intéressant !! s'exclama-t-il, sincèrement captivé. Je dois vous avouer que même ayant rencontré pas mal de Magiciens en difficulté avec leur pouvoir, je n'en ai jamais au grand jamais, croisé un avec un tel don ! Il était littéralement fasciné. De plus, si la météo allait selon ses humeurs, elle devait avoir énormément de difficulté à tout gérer. C'était comme Flora en fait. En assez différent. Mais la difficulté de se maîtriser et de faire abstraction d'une partie de soi était similaire.

Le jeune homme hésita un instant avant de lui révéler la nature de son pouvoir.

- Avant de répondre à votre question, j'aimerais savoir quel est, selon vous, mon pouvoir. Je suis persuadé que cela vous a fait cogiter ...

Son pouvoir était intéressant, elle aurait plutôt dit: embarrassant. Elle ne pouvait pas se mettre en colère comme tout le monde. C'était un contrôle permanent pour ne pas faire de dégât. Or, avant qu'elle ait ce pouvoir, sa passion favorite (après la lecture bien évidemment) était de s'énerver contre tout et n'importe quoi.

Il n’aurait pas pu répondre directement ça aurait été trop beau !

Pourquoi fallait-il toujours qu’il complique tout ? Elle ne l’avait pas fait jouer aux devinettes sur son pouvoir. Mais sa curiosité était éveillée, depuis le temps qu’elle voulait savoir ! Elle se prêta au jeu, si c’était la seule solution…

Déjà je vous imagine mentalist, ça paraît évident. Vous avez énormément d’intuition. J’ai toujours l’impression que vous avez un brin d’avance sur moi et sur ce que je pourrais dire. Et se souvenant de quelques épisodes : Et vous réagissez dans mon sens, je veux dire que vous réagissez comme si vous saviez ce qui me déplaît ou non.

En faisant ces constatations à voix haute, une petite voix émergea dans son esprit, et le puzzle se remplit petit à petit. Ça montait lentement au cerveau mais elle repoussa l’éventualité très loin dans sa tête. Elle ne voulait pas que ce soit ça. Il était en train de jouer avec ses nerfs et sa patience avait des limites.

Alors ?

C’était de la curiosité et du défi. Elle attendait sa réponse dans un état de tension extrême.

Un sourire énigmatique se dessina sur le visage - parfait avouons-le! - de Guillaume. Lorsque Loane elaborait ses théories, et reliait petit à petit les bouts d'indices qu'elle avait sur son "soit-disant pouvoir", il jouait machinalement avec la serviette en papier qui trônait à côté de son assiette. Elle avait vu juste sur beaucoup de choses, voire même sur prèsque tout, dans ce qu'elle avançait. Il trouvait bizarre qu'elle eut l'idée qu'il ait "une longueur d'avance" et qu'elle insinue qu'il avait l'intuition de ce qu'elle aimait ou non. Il n'avait jusque là pas vraiment utilisé son pouvoir, même pas du tout. Sauf à son arrivée, cela avait été plus fort que lui, la raison pour laquelle elle l'avait fait attendre l'intriguait trop.
Il fit exprès de ne opas croiser le regard de la jeune femme, son attention était totalement centrée cette fois-ci sur un petit bouchon en liège qu'un serveur avait malencontreusement laissé sur la table. Il se demandait comment il allait lui dire. Pour le moment, seule Flora le savait. Et elle avait visiblement eu une mauvaise impression sur ses intentions. Même si la jeune fille devait avoir 4-5 ans de moins que lui, il ne pensait pas que sa réaction soit due à un manque de maturité. C'était pour cela qu'il appréhendait un peu la réaction de sa collègue. La seule qu'il avait rencontrée pour l'instant, les autres n'ayant pas encore été convoqués pour leurs cours. Il plongea alors son regard dans le sien, son sourire étant effacé, ce qui était très étrange, Guillaume Seum étant un des rares Coureurs à toujours avoir un sourire élégant sur les lèvres.

- Vous n' êtes pas très loin en fait ... et en voyant votre regard, dans lequel se mèlent curiosité et frayeur, ainsi qu'un petit soupçon de sarcasme, j'imagine que vous avez deviné mon pouvoir. A vrai dire, c'est même trop facile.

Il fit une petite pause, regardant à nouveau son bouchon de liège, qu'il tripotait nerveusement. Puis releva les yeux sur Loane, qui à présent fronçait légèrement les sourcils, sa révélation l'ayant un peu inquiétée.

- Vous voyez Flora Stiffler? Il sentit l'exaspération de la jeune femme s'emplifier à la vue de la tentative de rallongement de conversation que Guillaume était en train de mettre en oeuvre. Elle ne peut pas m'encadrer. Il émit un sourire jaune et dénué de joie. Elle a un pouvoir très similaire au mien, voire même complémentaire. Et quand je lui ai avoué que ... enfin, mon pouvoir, elle ne m'a plus fait confiance, malgré ma promesse de ne l'utiliser qu'à des fins professionnelles. Il voyait prèsque Loane trépigner d'impatience. Ce qui eut pour don de faire baisser son stress. Il esquissa un sourire rieur. Je vous vois impatiente, je vais donc couper court à vos supplications optiques ... Je lis dans les pensées.

Il attendit sa réaction. Il était prèsque persuadé qu'elle allait avoir peur. Il n'ajouta rien. C'était bien assez suffisant d'avoir avoué qu'il maitrisait totalement les pensées des autres. Il espérait qu'elle allait surpasser ça. Mais au pire, sa chemise aurait juste à être lavée.

Avant d’avouer son pouvoir, Guillaume s’était mis à se concentrer sur toutes les petites choses insignifiantes qui pouvaient exister. Elle était certaine que la vie des fourmis l’aurait passionné à cet instant précis. Mais elle voulait une réponse, et son impatience devait de plus en plus se lire dans ses yeux au fur et à mesure que la peur et l’irritation commençaient à monter. Quand il fit l’allusion à Flora, son cerveau dû faire un effort pour aller chercher l’information. Elle était trop concentrée sur lui.

Flora maîtrise les émotions des gens…

Ça y est ça revenait. Le pouvoir de la jeune fille ne la dérangeait pas du tout. Elle savait qu’elle avait énormément de mal à le gérer et que si elle s’en servait, elle ne le faisait que par nécessité. Sur ce point, elles étaient pareilles, elles n’aimaient pas leurs pouvoirs respectifs. Et puis Flora c’était l’innocence même, le contraire de Guillaume. Sa peur monta crescendo en faisant le lien avec Flora. C’était mental et en plus, ça avait un lien avec les autres. Ça ne lui plaisait vraiment mais alors vraiment pas du tout ! Le fait que cette élève ne puisse pas « encadrer » le professeur le plus beau de l’école ne l’étonna qu’à moitié.

Ça doit être dur de ressentir les émotions d’un coureur de jupons…

Elle ne voulait pas qu’il y ait de mésentente entre les professeurs et les élèves, où le moins possible en tout cas. Elle avait rouvert l’école pour aider les jeunes, pas pour créer des tensions. En plus, la jeune fille ne lui faisait pas du tout confiance, alors qu’il fallait se l’avouer, dans son cas il était l’homme de la situation. Mais elle réglerait ça plus tard, l’heure était plus grave.

Elle entendit sa phrase dans un brouillard : Je vous vois impatiente, je vais donc couper court à vos supplications optiques ... Je lis dans les pensées.

Surtout la dernière partie : Je lis dans les pensées Je lis dans les pensées Je lis dans les pensées Je lis dans les pensées Je lis dans les pensées.

Il fallait qu’elle se la répète de nombreuses fois pour que ça monte au cerveau et qu’elle l’accepte. Sur le coup, la colère ne monta pas tout de suite. Elle eût une réaction stupide, elle passa en revue toutes ces entrevues avec lui et réfléchit à ce qu’elle avait pu penser à ce moment là. Ensuite, après que le rouge aux joues lui soit monté au point qu’elle se sentait brulante, elle essaya de peser le pour et le contre. Sa liste comportait beaucoup de « contre », le seul « pour » qu’elle trouva fut qu’elle espérait qu’il ne l’utilisait pas tout le temps, et seulement à des fins personnelles. Mais elle nia cette pensée aussi vite qu’elle était venue puisque la preuve elle l’avait dit à haute voix : il réagissait dans son sens.

Elle commençait à réaliser ce qu’il venait de lui dire. Cette intrusion dans son intimité était comme un viol pour elle. Elle espérait qu’à ce moment là d’ailleurs il lisait en elle pour qu’il le comprenne. Mais son regard était vide, indéchiffrable. La colère bouillait en elle et elle ne tînt plus, il fallait que quelque chose éclate, que ses nerfs se défoulent sur quelque chose. On était dimanche, Harwood était déserté et n’était pas un lieu ouvert au public à part pour les recrutements. Les nuages qu’elle avait peu à peu rassemblés sans vraiment y prêter attention étaient juste au dessus de la clairière. Un tonnerre envahissant éclata. Elle crût même entendre un arbre tomber.

Oh et puis ce n’est pas fête tous les jours !

Elle fit durer son petit concert 5 minutes tout en le foudroyant du regard. Son exécutoire lui fit un bien fou. Ses rapports amicaux avec lui allaient être déterminés en fonction de ce qu’il répondrait dans les minutes qui suivraient. Il aurait dû le lui dire tout de suite. Elle avait l'impression d'être trahie. C'est le genre de pouvoir qui doivent être clairement affichés avant toute prise de contact, du genre "Bonjour, je m'appelle Guillaume Seum. Au fait ! Je lis dans vos pensées !"

Elle essaya de maîtriser sa voix pour lui demander :

Et je peux savoir ce que vous avez lu d’intéressant dans mes pensées ?

Guillaume garda un visage fermé pendant toute la durée des réflexions de Loane. Il continuait de faire tournicoter le bouchon de liège, pliait et repliait sa serviette, le plus minucieusement possible. Il savait exactement ce qu'elle pensait, ce à quoi elle réfléchissait. Il n'eut même pas besoin de lire dans son esprit pour le savoir. En fait, il utilisait rarement son pouvoir. Seulement dans le domaine professionnel ou par simple provocation. Il fut un temps où il l'utilisait pour tout. En cours pour savoir les réponses à un examen. Dans le domaine privé pour séduire une fille exactement comme elle le désirait et pour arriver à ses fins, la chose que chaque adolescent coureur attend d'une fille. Bref. Le trop plein d'utilisation de ce pouvoir de télépathie lui avait fait acquérir certains réflexes de compréhension sur la nature humaine. En particulier sur le sexe féminin. Il n'était pas spécialement inquiet de ce qu'elle pensait. Il était en tout cas persuadé que l'expression "viol de pensée" serait employée, parceque lui-même qualifiait ainsi son pouvoir. Il ne la regardait pas dans les yeux, jusqu'à ce qu'il trouve que Loane devait avoir terminé ses réflexions. Il l'observa alors d'un regard profond, ne traduisant aucune insolence dont il avait pourtant l'habitude d'avoir une once à chaque instant dans ses moindres gestes. Elle lui posa alors une question des plus neutres, et il voyait très bien qu'elle essayait de meubler la conversation, s'il y en avait une, histoire de tenter d'effacer sa gêne. Lui, attendait patiemment qu'elle se "calme" interieurement. Il savait que c'était difficile à avaler. Surtout venant d'un homme comme lui. Combien de fois lorsqu'il débutait dans son école de magie, étant encore un ardu utilisateur de télépathie féminine, avait-il entendu à cette annonce de franchise :

- Oh mon DIEU ! C'est pas possible !! Il lit en moi comme dans un livre ouvert !! Ce Salopard connait mes pensées les plus intimes !! Comment vais-je faire pour retrouver ma dignité?! Il sait tout! TOUT! Oh mon Dieu, mais que vais-je faire? Que vais-je devenir?!

Or Guillaume avait changé. Du moins, ce métier de professeur était l'étape finale de son "rangement" dans la société. Un rangement des plus légers, certes, il ne renoncerait pour rien au monde à la séduction, mais il l'accomplissait avec fair-play. En gentleman. Il ne lisait plus vraiment dans les pensées des femmes. Sauf en cas d'extrême urgence. (Sont considérées comme extrême urgences :
- Lors de son cours pour savoir si l'on applique bien ses consignes.
- Lorsqu'il veut savoir dans une masse ce que l'on pense de lui.
- Par provocation, une fois de temps en temps. )
Là, il ne lisait donc absolument pas dans ses pensées. Et pourtant, il la regardait, comme s'il attendait la question qu'elle allait poser.

- Loane, je ne lis pas dans vos pensées.

La justification était ici inutile. Elle le croirait. Ou elle ne le croirait pas. Il était parfaitement conscient de ce que la jeune femme ressentait, et il commenaç à sortir son porte-feuilles, d'un air légèrement abbatu. Abbatu, mais fier, et toujours charmant.

- Je vous laisse de quoi payer l'addition, je comprendrais parfaitement que vous préferiez que je parte, histoire de réfléchir ...

T'es serieux Guillaume là? ... Wow. Le professorat te rend vraiment gentleman de haut niveau ... !

Il attendit qu'elle s'exprime, le billet à la main.

Elle avait un peu de mal à le croire. C’est vrai que la situation ne lui permettait pas d’avoir une confiance totale et absolue en lui. Il faudrait certainement qu’il s’y fasse. Il lui affirma qu’il ne lisait pas dans ses pensées. Il ne l’avait jamais donc fait ? Elle essaya de se mettre à sa place l’espace d’une minute, de s’imaginer avec ce pouvoir là. Elle n’était pas un modèle de vertu, elle l’aurait sans doute fait au moins une fois.

Son départ anticipé lui déplût. C’était comme s’il fuyait alors qu’elle n’avait rien dit, elle avait posé une question mais n’avait pas répliqué. D’ailleurs, mis à part les coups de tonnerre, elle trouvait qu’elle restait relativement calme.

Elle rejeta son départ d’un vif mouvement de tête qui lui indiqua de rester assis, elle aurait su contrôler le feu elle aurait brulé son billet. Au point où ils en étaient, il lui devait des comptes où en tout cas la vérité et des explications. Elle enchaîna de suite et de toute façon il fallait qu’elle éclaire certains points :

Vous ne l’avez réellement jamais fait ? Pas même une toute petite fois ? Vous pouvez me le dire, j’aurai certainement plus confiance en vous si vous me répondiez oui ; parce qu’entre nous, si j’avais ce genre de pouvoir, et je n’ai pas honte de le dire, je l’aurai fait au moins une fois.

Tu perdrais toute crédibilité mon gars si tu lui disais que tu l'as fait juste une fois par curiosité pour savoir pourquoi elle était si exceptionnellement en retard.

Guillaume rangea clamement son billet, un sourire énigmatique sur les lèvres.

- Bien. Comme vous devez le savoir, un pouvoir se contrôle extrêmement bien, sauf chez les mentalistes, où la difficulté n'est pas des moindres, exemple vivant : Flora Stiffler. Même en étant un professionnel en la matière, il m'arrive parfois de laisser tomber ma vigilence. Et là, je perçois certaines pensées. La seule fois que j'ai eu la maladresse d'être peu vigilant en votre compagnie était au début de votre entretien pour mon embauche. J'ai juste compris pourquoi vous vous étiez assise si promptement. Après si vous ne me faites pas confiance, je ne vais pas vous persuader de le faire. Mais sachez juste que je prends très au serieux ma place ici et les relations que je peux m'y faire. Et pour rien au monde je ne mettrais cela en péril. Je n'ai accompli qu'un seul cours, et je m'y sens comme chez moi et comme si j'avais accompli cela toute ma vie. En vous invitant à déjeuner, je voulais juste favoriser la bonne entente entre collègues et j'ai trouvé nos discussions extrêment plaisantes.

Guillaume avait exprimé cela d'une voix posée, calme et un sourire plaisant sur les lèvres. Il n'était pas énervé, ni irrité. Mais le fait que Loane pense qu'il lise dans les pensées à tout bout de chant était un peu vexant. Il n'était plus un adolescent. Il n'était plus l'adolescent qu'il avait été.

Au fur et à mesure qu'elle l'avait écouté, elle s'était calmée. Il avait au moins eu la franchise de lui dire qu'il l'avait fait, elle en était satisfaite. Elle fut même ravie que son nouveau poste lui convienne. ça lui plaisait ce qui se voyait. Ses tremblements s'étaient arrêtés, les nerfs sans doute, il l'avait mise dans un sale état. Elle regarda les pommes de terre qui trempait dans la sauce de son assiette et se dit que si elle essayait d'en avaler une elle allait s'étouffer.

Si vous me promettez de ne pas lire dans mes pensées tout ira bien. Il avait été sincère, autant lui faire confiance, sinon ce serait de la paranoïa. Par contre puisque vous m'invitez, je suis désolée mais ...
Elle laissa sa phrase en suspens et attrapa au vol le bras du serveur: Vous voulez bien m'apporter une part de brownie chocolat avec de la chantilly s'il vous plaît?

Elle le laissa s'échapper, c'était le dessert qu'elle avait choisi de toute façon, et quoi de meilleur que le chocolat pour se détendre?

Revenant à ses moutons, et puisque Flora était rentrée encore une fois dans la discussion elle lui lança: Je ne suis pas très étonné que Flora Stiffler ne vous apprécie guère. Déjà parce qu'elle a dû ressentir ce que j'ai ressenti il y a 10 minutes. C'est surement une étudiante talentueuse, c'est juste dommage qu'elle ne maîtrise pas encore son pouvoir. Mais en tant qu'expert dans la matière (sarcasme déguisé) je pense que vous saurez l'aider.

Guillaume fut ravi que Loane ne conteste pas ce qu'il venait de dire. Il n'était pas d'humeur à lutter, surtout que là, il était franc. Il sourit au fait que la jeune femme demande imédiatement le dessert, il en profita pour commander le sien, son assiette étant vide. Il demanda un café dit "gourmand" : chose qui se fait beaucoup en France, ce qui consiste en un café, une petite part de fondant au chocolat et une crème à la vanille ou crème brûlée. C'était un dessert pas trop lourd sur l'estomac qui plaisait énormément à notre jeune ami. La jeune directrice remis sur le tapis le cas de Flora Stiffler. Il ne savait pas vraiment quoi penser de cette jeune fille. Il la cernait très difficilement, elle n'avait rien à voir avec les autres étudiantes qu'il avait pu rencontrer. D'un côté il était persuadé de savoir à peu près le sentiment de perdition qu'elle avait, mais d'un autre, elle était tellement ... différente ... il ne trouvait même pas les mots exacts.

- Je pense que vous n'avez pas totalement tort. On va dire que le fait qu'elle sache mon pouvoir a été le coup final qui a déterminé à jamais son opinion à mon égard ... ! *rire crispé* Mais je pense plus simplement à une personnalité très forte qui serait réellement incompatible avec ... ma façon d'être si l'on peu qualifier ça comme ça ... Le problème avec son pouvoir est plus un manque de confiance en elle et une sorte de rejet de ce dernier ... je pense que la route sera longue avant qu'elle n'arrive à vraiment le maîtriser ... c'est quelquechose de beaucoup plus fort que n'importe quel autre pouvoir mental de ressentir ainsi les sentiments ... Et essayer de délimiter les sentiments personnels de ceux d'autrui est un cap à passer ... mais je suis persuadé qu'elle y arrivera. Je lui ai conseillé quelques exercices. J'espère qu'elle surmontera son dédain pour ma personne afin de penser à ce que mes conseils pourraient lui apporter !!

Guillaume avait xpliqué cela avec un ton léger, mais au fond, cela l'embêtait d'avoir braqué Flora. Quand un élève est braqué, s'il est obstiné, il peut aller jusqu'à négliger la matière enseignée par le "braqueur". Et Flora ne devait pas négliger cette matière qui était surement une desquelles elle avait le plus besoin pour son accomplissement personnel ...

Guillaume, pour une fois, tu dois t'avouer ... Vaincu?

Tout ce qu'il venait de dire à son propos était parfaitement juste et résumé. Le cas Stiffler l'inquiétait assez, mais elle fit confiance à Guillaume. Après tout, il était l'homme de la situation, si il savait ce qu'il faisait en lui donnant des exercices, elle ne pouvait rien faire de plus à part avoir un petit entretien avec elle.

Elle décida de changer de sujet: Je suis assez curieuse de savoir comment vous avez découvert votre pouvoir et comment vous avez fait pour le contrôler... parce que lire dans la tête des gens, ça ne doit pas être évident tous les jours ...

Elle s'intéressait à son cas, façon de lui montrer qu'elle n'était pas fâchée contre lui et aussi pour s'excuser de sa réaction peut-être excessive.

Guillaume eut alors un rire franc et cristallin.

- Oh je pense serieusement que vous allez encore plus me détester si vous saviez ce que j'en ai fait ou comment je l'utilisais au début !!

En fait, Guillaume n'aimait pas tellement revenir sur son passé de teigne qui saute sur tout ce qui bouge, genre Catherine Merteuil dns Sexe Intentions. Mais bon. Si elle le demandait, pourquoi pas? Il avait toujours répondu franchement aux femmes. Même lorsqu'il était adolescent. Quandles filles lui demandaient pourquoi il était "avec elles" il leur répondait franchement que c'était pour avoir une relation sexuelle. Mais la façon dont il le disait était tellement travaillée, tellement dite avec sentiment et gentillesse, qu'elles ne le croyaient pas. Il obtenait toujours ce qu'il voulait à cette satanée époque.

- Disons que j'ai plus pris l'avantage de mon pouvoir que le parti de m'en plaindre. Certes c'était encombré dans mon esprit, même très très encombré, j'avais une sorte de restaurant scolaire à l'interieur de ma tête, mais j'ai vite réussi à le tirer à mon avantage et à entendre les voix que je voulais entendre ... J'étais très ... volage disons à l'époque, je n'avais que 16ans, et je me servais de la télépathie pour lire dans les pensées des filles qui me plaisaient ou des professeurs que j'avais envie d'impressionner.

Voyant le sourire satisfait de Loane du style "ha ha, j'avais raison, SALE TYPE!", il décida de tenter de sauver son honneur avec sa transformation en homme convenable :

- Mais je me suis rendu compte vers 18ans qu'agir comme ça ne menait à rien et je suis parti d'Allemagne où j'habitais pour habiter dans ce beau pays qu'est l'Angleterre. J'ai décidé d'y commencer une nouvelle vie, où mon pouvoir aiderait les autres au lieu de les incriminer et de les mettre en tort avec l'option humiliation ...

Guillaume n'avait pas envie d'être le seul à refouiller son passé sinueux, et posa alors la même question à Loane :

- Et vous alors?

Il l'avait eu à l'adolescence, décidément ça se déclenchait souvent dans cette période là de la vie. ça n'aurait pas pu arriver à la naissance le temps de s'y habituer pendant au moins vingt ans? Quand il lui avoua qu'il lisait dans les pensées des filles ou des professeurs qu'il voulait impressionner, elle éclata de rire, c'était exactement ce qu'elle avait imaginé. D'ailleurs elle lui fit remarquer en pouffant.

Pourquoi ça ne m'étonne pas du tout? Mais bon vous vous êtes rangé comme tout le monde ou presque ...

Elle avait changé de sujet en prenant le premier qui lui était venu à l'esprit mais elle ne s'attendait pas à ce qu'il s'intéresse à son cas. Du coup elle fut beaucoup moins joueuse. Mais c'était du donnant donnant. Loane était une personne pour qui les mots "justice" et "équité" comptaient énormément. Elle décida de jouer le ton de la légéreté plutôt que le mélodrame:

Oh ben moi, j'ai juste abattu la foudre sur un immeuble ce qui m'a valu un petit séjour en hôpital psychiatrique et ensuite j'ai réussi à me maîtriser parce que j'avais la hantise de recommencer.
Mais... changeons de sujet, parce que je vous avoue que celui là ce n'est pas ma tasse de thé ...

Les rires de Loane à son histoire le rassurèrent légèrement. Ouf, il avait échappé au pire. Il n'aurait plus manqué qu'elle ne le croit pas sincère et qu'elle le revoie ... Surtout pour si peu ! ... Guillaume était assez jovial de savoir que finalement il avait peut-être une chance de se racheter aux yeux de sa collègue. Il n'avait pas l'intention de réellement changer, il serait toujours un coureur dans l'âme, mais peut-être qu'un moment de calme, même s'il était passager serait bienvenu. Il écouta alors sa brève experience. Elle l'avait dit avc un ton très spirituel,mais au fond, le jeune homme savait pertinament qu'elle devait avoir vécu des moments extrêmement durs ... Il s'étonna d'ailleurs d'être passé au travers de si peu de difficulté dans sa propre experience ... La jeune Flora Stiffler avait des troubles de personnalité, Andy Bailey des problèmes avec la dimension de ses membres, Loane avait surement eu beaucoup de mal à accpeter son pouvoir après une catastrophe causée par sa faute ... Après tout, peut-être le fait d'avoir voulu en tirer profit dès le début l'avais sauvé d'une certaine façon ...

- Oui je comprends très bien, ne vous inquiétez pas ... répondit-il avec une voix des plus agréables et d'un ton compréhensif. Au fait, je voulais vous demander ... j'ai très rapidement jeté un coup d'oeil sur un livre de l'histoire de Stanford, je dois l'avouer, par dessus l'épaule de Jule Bailey, et je n'ai pas très bien compris ce qu'il s'était passé avant que cela ferme ... il y avait des rumeurs de je ne sais trop quoi ... C'est un peu flou dans mon esprit ...

Guillaume espérait que la jeune femme pourrait l'éclairer. Il s'intéressait vraiment à cela, histoire de se rendre compte de la raison pour laquelle Loane, très jeune femme avait décidé de reprendre en main tout un complexe universitaire, seule.

Il n'avait pas l'air d'être choqué par ce qu'elle avait raconté de son passé. Elle en fut soulagée, elle avait perdu beaucoup de proches à cause de son pouvoir, et elle ne voulait pas que son passé la hante indéfiniment.

Je vous remercie de ne pas avoir de préjugés sur ce que j'ai pu vivre. En général les gens deviennent paranoïaques à l'entente du mot "hôpital psychiatrique."

En ce qui concerne l'école, elle appartenait à mon grand oncle qui ne la pas très bien diriger. En fait il l'a laissé à l'abandon, du coup l'école était désertée et de mauvaises rumeurs ont couru. Mais il ne s'est rien passé du tout... enfin.... rien qui n'a pu être prouvé vraiment. Mais j'ai l'intime conviction qu'il ne sait rien passé. Ou c'est ce que je préfère croire, je ne sais pas trop.

Cette histoire la dépassait un peu et elle appartenait au passé. Mais je n'ai pas réouvert cette école pour qu'il y ait des soupçons, je l'ai ouverte pour aider les jeunes gens qui découvrent leur pouvoir à le contrôler et à s'améliorer. C'est nul de laisser les gens comme ça dans la nature quand on peut leur apporter de l'aide. Mon grand oncle devait avoir d'autres occupations, en fait je ne l'ai pas vraiment connu. J'ai hérité de l'école car j'étais la seule hormis lui à avoir un pouvoir dans la famille. C'est pour ça que je m'y investi vraiment, d'une part pour aider et aussi pour essayer de lui donner meilleure réputation. Mais je pense qu'avec le personnel enseignant immensément qualifié, on est bien parti ! ajouta t-elle avec un clin d'œil.

- Oh mais vous savez, avec tout ce que j'ai vu, si on peut dire ça à 23 ans dit -il en riant un hôpital psychiatrique est une des premières étapes dans le monde magique. Soit on se croit fou, soit les autres s'en chargent pour nous. L'époque de nos étudiants a l'air d'être un tout petit peu plus tolérante, même si les moqueries et destructions interieures sont encore d'actualité, surement une répercussion du phénomène Harry Potter ou Twilight, au choix, je ne sais pas ... Mais personnellement, avec moi, vous n'avez aucune inquiétude à vous faire de ce point de vue là.

Il l'écouta ensuite attentivement pour ce qui était de l'histoire de l'école. Bizarre cet oncle qui laisse une école à l'abandon ... Une image de friche industrielle lui vint à l'esprit lorsqu'elle prononçala phrase "il l'a laissée à l'abandon, du coup, l'école était désertée". Parfois, les images que Guillaume avait en tête lui faisaient se poser certaines questions sur sa santé mentale !! ^^.

- Je pense que vous avez eu une bonne initiative. Des jeunes comme Andy, Jule, Freyja ou encore Flora, mérite de l'aide et de l'attention ... Mais quel genre de rumeurs y avait-il?

Loane prononça ensuite une phrase, qui lui fit exquisser un sourire des plus charmeurs et étincelants. Elle le "brossait dans le sens du poil".